Cette photographie que Daniel Aron
réalise en 1974 pour la Woolmark – un label des producteurs de
laine qui garantit l’utilisation de cette matière dans la
confection des vêtements – est l’une des réalisations les plus
souvent reproduites dans les ouvrages historiques ou les expositions
consacrées à l’image publicitaire.
Une sorte de référence à la fois de
point de vue « créatif » - au sens où les publicitaires
entendent ce mot - et formel : une qualité de composition qui
tend à la perfection.
Le sujet s’inscrit presque naturellement
– de façon tout à fait vraisemblable – dans le paysage.
L’idée
est en fin de compte assez simple : transposer un sigle dans le
contexte de la Réalité, principe qui sera repris plus tard par
d’autres publicitaires.
Mais au delà de cette initiative
formelle, il s’agit aussi d’une figure de rhétorique : le
mouton est l’origine de la laine.
En 1974, les photographes ne
disposent pas des techniques numériques actuellesqui permettent toutes sortes de
montages et de retouches.
Tout se fabrique « en vrai »
et l’on imagine la difficulté à rassembler ce troupeau et à lui
faire exécuter une telle figure, à la manière d’un domptage de
cirque.
Sans compter le temps passé à repérer les lieux,
trouver le bon endroit – dans les Pyrénées -, la bonne
perspective, sans oublier la fenêtre de soleil, après deux jours de
pluie.
Si cette image est régulièrement citée, c’est aussi
parce qu’elle incarne en quelque sorte un langage photographique
novateur – il y avait d’ailleurs au moment de la diffuser, des
réticences et des doutes sur son efficacité, se souvient Daniel
Aron.
La photographie publicitaire des années soixante-dix, est
en pleine possession de ses moyens, elle traduit la pensée des
agences, dispose de supports, affichage et presse, qui lui sont
acquis.
Daniel Aron, un peu malgré lui, est associé à cette
image de la Woolmark, alors que c’est le début de sa carrière –
une œuvre de jeunesse par conséquent - et qu’il va signer dès
lors de très nombreuses campagnes.
Il collabore ainsi très
régulièrement avec Hermès de 1974 à 1996.
Et puis il réalise
d’autres campagnes qui mettent en valeur son sens de la mise en
scène.
Il est l’homme des situations compliquées.
Des images réalisées en studio et qui tiennent souvent de la direction
d’acteurs et de l’éclairage cinématographique.
Pour le Journal du Dimanche, l’enjeu
était de taille : évoquer dans un seul visuel les principales
rubriques d’un quotidien !